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Abbatiale de Saint-Thibault en Auxois

 

 

Ce chantier de “Restauration générale intérieure” est la dernière tranche de travaux de l’église, sous la direction de M. Eric Pallot (ACMH, Architecte en Chef des Monuments Historiques) secondé par M. Alain Gérard.  Nous avons côtoyé et travaillé en étroite relation avec les entreprises de maçonnerie, Horry-Marçais, de serrurerie, STC Jugnier et de restauration de décors peints, ARCAMS. Les lambris de l’église de Saint Thibault sont d’une remarquable facture, probablement réalisés autour de 1730. On pense qu’ils étaient initialement installés sur des stalles, dans le chœur de la collégiale de Semur-en-Auxois ; d’ailleurs certains panneaux sont cintrés en plan, ce qui dans la disposition actuelle n’a pas de sens. Les travaux entrepris par Viollet-le-Duc pourraient-être à l’origine de ce changement de destination. Cependant aucune source scripturaire ne nous permet de l’affirmer. Nous ne pouvons pas plus affirmer que l’atelier de sculpture fut celui d’Antoine Marquety qui réalisa les lambris des stalles de Saint-Jean-de Losne et dont la famille œuvra durant tout le siècle en Bourgogne ; même si c’est notre intime conviction. Nous renvoyons à ce sujet vers deux articles : Les Italiens dans le Val de Saône. Découverte d’un réseau d’artisans émigrés au xviiie et au xixe siècle ; Les Marca (fin XVIIe – début XIXe siècles). Itinéraires et activité d’une dynastie de stucateurs piémontais en Franche-Comté et en Bourgogne. Treize panneaux sculptés en haut-relief, de grande taille, représentent les douze apôtres avec leurs attributs et le Christ entouré d’anges, de plus petits panneaux richement ornementés rythment les espaces. Le programme iconographique fait preuve d’une connaissance profonde des Écritures et de l’art religieux.

 

Il nous a fallu comprendre, dans un premier temps, comment les artisans qui installèrent ces lambris procédèrent. L’emploi de ces lambris en seconde installation implique quelques incohérences dans la mise en oeuvre, néanmoins grâce à une porte, un placard et l’habillage des pilliers des voutes fabriqués “dans le style”, les menuisiers de 1870 réussirent bien à maintenir l’unité et l’harmonie de l’ensemble. On peut distinguer trois grands éléments.

 

Premièrement les panneaux sculptés qui sont formés du panneau sculpté proprement dit, embrevé dans un cadre à tenon mortaise aux belles moulures ouvragées. Ces cadres se succèdent rythmés par des panneaux de décors aux motifs d’instruments liturgiques, tiares, manipules, étoles, cierges, goupillions, très détaillés et finement exécutés. Ce panneaux plus étroits sont en saillies rythmant encore l’ordre de la mouluration des cymaises aux corniches par les ressauts induits.

 

Deuxièmement, les lambris de soubassement, d'une époque différente, probablement 1870, date à laquelle cet ensemble fut installé à Saint Thibault. Nous avons d’ailleurs retrouvé au dos des habillages des piliers, une mention manuscrite des menuisiers qui mirent en œuvre ces lambris.  Les lambris bas, sans intérêt patrimonial et d'ailleurs très abîmés ont dû être refaits intégralement. 

Dépose des lambris Il nous a fallu comprendre, dans un premier temps, comment les artisans qui installèrent ces lambris procédèrent. L’emploi de ces lambris en seconde installation implique quelques incohérences dans la mise en oeuvre, néanmoins grâce à une porte, un placard et l’habillage des pilliers des voutes fabriqués “dans le style”, les menuisiers de 1870 réussirent bien à maintenir l’unité et l’harmonie de l’ensemble. On peut distinguer trois grands éléments. 

 

Premièrement les panneaux sculptés qui sont formés du panneau sculpté proprement dit, embrevé dans un cadre à tenon mortaise aux belles moulures ouvragées. Ces cadres se succèdent rythmés par des panneaux de décors aux motifs d’instruments liturgiques, tiares, manipules, étoles, cierges, goupillions, très détaillés et finement exécutés. Ce panneaux plus étroits sont en saillies rythmant encore l’ordre de la mouluration des cymaises aux corniches par les ressauts induits. 

 

 

Deuxièmement, les lambris de soubassement, d'une époque différente, probablement 1870, date à laquelle cet ensemble fut installé à Saint Thibault. Nous avons d’ailleurs retrouvé au dos des habillages des piliers, une mention manuscrite des menuisiers qui mirent en œuvre ces lambris.  

Les lambris bas, sans intérêt patrimonial et d'ailleurs très abîmés ont dû être refaits intégralement.

 

Troisièmement, la structure qui unifie lambris bas et hauts. Une forte cimaise d'une section 150 x 300, prise dans les murs de l'église forme la charpente des lambris. Au-dessus de la cymaise les lambris sont assemblés entre eux par rainures & languettes, un très long bandeau surplombé d'une corniche solidarise l'ensemble. Tous ces éléments sont reliés entre eux par clouage. Bien heureusement, la vigilance des artisans d'autrefois a permis une très bonne conservation des bois. En effet, un vide d'air de 10 cm a été laissé entre les murs de l'église et le dos des lambris. C'est avec des pattes à pointe très longues, forgées spécifiquement, que les lambris sont tenus à distance du mur, tout en gardant une très bonne rigidité. Les rares bois dégradés l’ont été à cause d'une proximité trop importante des maçonneries. Une fois ceci défini nous avons pu commencer le démontage, avec une grande prudence car les clous, à l’inverse des vis, s’ôtent difficilement. Bien entendu une cartographie préalable de tous les éléments constitutifs a dû être préparée. Au fur et à mesure de la dépose, les différents éléments sont établis en fonction de leurs positions.  Nous avons préparé des caisses en contreplaqué pour ranger les précieux éléments sculptés.  Nous avons aussi, pour les éléments trop volumineux, protégé avec des couvertures sur plusieurs couches. Certaines longueurs de corniche mesurent près de 5 m, il nous a donc fallu un moyen de transport approprié pour rapatrier tous ces éléments dans notre atelier. 

Il est à noter que l'intégralité du plancher et son lambourdage furent démontés sans remploi.

 

Restauration des lambris

Après l’état préalable, un état sanitaire est fait une fois les éléments démontés : définir quels sont les bois à changer, à renforcer, à traiter éventuellement contre les champignons ou les insectes xylophages, définir l’importance patrimoniale des différentes pièces. Ensuite, il faut mettre en place des protocoles : des essais sur des endroits discrets sont présentés au MOE, afin de tester parmi les différentes techniques, la mieux adaptée. En première analyse, il est apparu que les lambris bas ne pourraient que difficilement être remployés. Les bois, de piètre qualité ou insuffisamment adaptés à l’humidité, comme le noyer, n’ont pas pu résister à l’humidité de l’église. Le désir du maître d’œuvre et du maître d’ouvrage, était de travailler à éclaircir la teinte du bois. En effet, certains anciens du village se souvenaient qu’enfants, ils avaient appliqué une popote, préparée par un ébéniste, qui avait dans leurs souvenirs assombri les bois. Nous avons été confrontés ici à un problème. Aucune trace probante d’une cire sombre n’apparaissait, ni avec des produits solvant, ni par grattage. En revanche au moment du passage à la laine d’acier 00, une couche jaunâtre apparaissait et couvrait l’apparence du bois. Aussi lorsque nos essais de nettoyage se faisaient trop insistants, cette couche disgracieuse apparaissait. Cette couche est en fait le vernis utilisé au XVIIIème siècle qui peut s’apparenter à un vernis au tampon qui en vieillissant s’est minéralisé dans la fibre du bois, on nomme ce processus “bois brulé”. Il ne pouvait être question de revenir au nu du bois partout. En effet certaines sculptures trop complexes, trop profondes, rendaient impossible l’opération. La méthode chimique eut été trop violente pour les bois et aurait laissée des résidus dont on ne peut mesurer la portée. La méthode par abrasion, aurait détruit la patine et le charme du travail de l’outil. Nous avons fait des expériences par aéro-gommage, mais les bois étaient ternis.  Nous avons donc pris le parti d’un nettoyage fin. Avec de la mèche de coton ou des brosses de différentes duretés, imbibées d’un produit décireur doux (SURGAND) et par raclages, nous avons ôté les couches de crasse accumulée.

 

 

Pour certains panneaux où la couche de vernis minéralisée, était trop apparente, nous avons opté pour la solution de revenir au nu du bois, ceci avec les outils utilisés par les anciens. C’est donc par diverses méthodes que nous avons procédé dans cette première étape. Les parties sculptées manquantes ont été enturées, les panneaux qui s’étaient séparés ont été rejointoyés, et nous avons concocté une teinte qui a permis d’unifier les parties simplement nettoyées avec les parties mises à nu. Lorsque certaines parties du bois avaient été attaquées par des insectes xylophages, nous avons fait des injections de paralloïde dilué dans du xylène à 4 puis 8 %. Cette résine pénètre grâce au solvant dans les profondeurs de la fibre du bois et dans les galeries, puis solidifie les parties dégradées. Une fois toutes les mises en teinte d’uniformisation faites, nous avons appliqué deux couches d’encaustique, lustrées à la brosse de soie. Pour les lambris bas nous avons profité de restituation à neuf, conformément au souhait de l’ACMH, pour faire une nouvelle répartition plus harmonieuse avec les bancs. Ces panneaux ont été traités de façon à ce que les bois neufs soient en concordance avec les bois anciens. Avec une teinte spécifique et par l’utilisation d’outils à main qui, en tranchant la fibre du bois, permettent à la lumière de rebondir au gré des coups d’outils ; à la différence des outils mécaniques qui laissent une surface trop uniforme. Nous avons aussi restauré l’intégralité des bancs qui souffraient d’une présence trop importante d’aubier, (partie du bois périphérique qui se désagrège avec le temps). Les bancs ont été démontés, les parties malsaines purgées et remplacées par des bois neufs vieillis. Fiinalement il a fallu : 150 heures pour la dépose et le stockage, 400 heures pour la restauration des lambris, auquel il faut ajouter une centaine d’heures pour la fabrication des lambris bas autant pour la restauration des bancs et 200 heures pour la repose. Nous avons aussi dû trouver un système de soutien des cymaises plus efficace et pérenne que des réservations dans la maçonnerie. En effet tous les abouts des cymaises dans les murs étaient corrompus. Nous avons donc prévu de sceller dans les murs des tiges filetées en inox qui grâce à un contre écrou nous ont permis de régler précisément l’aplomb de lambris. Une fois le travail de purge des enduits anciens puis la réalisation d’un nouvel enduit et de son badigeon, nous avons pu commencer la repose.

 

La repose s’est déroulée en trois étapes. Tout d’abord nous avons installé les lambourdes qui devaient recevoir le plancher. Notons encore l’intelligence des artisans qui œuvrèrent ici : les lambourdes ne reposent pas directement sur le sol mais sur des massifs de pierre permettant ainsi, en sous-face, une excellente ventilation des boiseries.

Ce qui a permis la préservation de cet ensemble menuisé de haute valeur, dans un lieu pourtant très humide. Les lambourdes, en chêne de section 100 par 100, ont été régulièrement étrésillonnées, et l’espace entre lambourdes a été réduit à 350 mm afin d’éviter le fléchissement. Le plancher a une épaisseur de 30 mm et les lames ont une largeur irrégulière de 140 à 220 mm, afin d’apporter une certaine rusticité, aux podiums devant recevoir les bancs. Une fois posé, le plancher a été humidifié, ce afin que les pores du bois se soulèvent, ensuite nous avons recouché le fil du bois par un ponçage léger, puis passé une teinte à l’eau afin de coordonner la couleur du plancher à celle des bancs et appliquer trois couches d’encaustique.

Dans un second temps nous avons installée les lambris. D’abord l’installation des cymaises, sur tige filetée inox Ø16, les cymaises étant la charpente de l’ensemble, il fallait veiller à la précision de leur mise en œuvre. Les lambris bas ont été installés tout en prenant garde à laisser l’air circuler grâce à des ouïes discrètes ménagées dans les plinthes. Les lambris hauts viennent se loger dans une rainure usinée sur le dessus de la cymaise. Les panneaux sont tenus à chaque étage de la structure par des pattes à pointe lardées dans les joints de la maçonnerie.  Une fois l’ensemble des panneaux mis en place et solidement tenus, l’étage du bandeau peut être installé, avec la même procédure de fixation et enfin l’étage de la corniche vient couronner la boiserie. Nous avons ensuite mis en place la porte et les lambris de l’ébrasement qui forment la clef de voûte de la boiserie.